LA BASILIQUE ÉPISCOPALE
ET LES MOSAÏQUES ROMAINES DE PHILIPPOPOLIS

Le théâtre du Philippopolis romain pouvait contenir environ 5000 personnes

ROME À PLOVDIV, L'HISTOIRE D'UNE VILLE

Pulpudeva, Philippopolis, Trimontium, Puldin, Filibe, Plovdiv : au fil des millénaires, cette ville, située dans la partie sud-est des Balkans, a changé plusieurs fois de noms et de souverains. Ce qui n'a pas changé avec le temps, c'est son charme. Au Néolithique, déjà, les premiers hommes établis en Europe apprécièrent ses qualités. Les générations suivantes furent aussi attirées par la protection naturelle de trois collines près de la Maritsa aux eaux abondantes, par la proximité des Rhodopes et des ressources qu'ils offrent, par le tracé stratégique situé entre l'Asie et le Bosphore, et l'Europe centrale, sur lequel, plus tard, les Romains construisirent la fameuse route nommée Via Diagonalis et Via Militaris.

Durant six siècles de son existence millénaire, Plovdiv fit partie de l'Empire romain. Rome établit son pouvoir sur la vieille cité thrace en 46 après J.-C. Les siècles suivants virent alterner prospérité et déclin, crises économiques et politiques, invasions.

L'antique Philippopolis était la ville de plusieurs dieux. Locales et implantées, révérées par tous ou par de petits groupes d'initiés, des divinités de tout genre et de toute apparence accouraient, portées par les esprits et les cœurs d'habitants de tous les coins de l'Empire. Le dieu cavalier de la population thrace, sur place depuis longtemps, coexistait avec de nouveaux venus comme Apollon et Hermès, Zeus et Esculape, mais aussi des étrangers enveloppés de mystère comme Mithra et la Cybèle phrygienne. Les habitants de Philippopolis observaient également le culte officiel de l'Empereur. La ville comptait aussi un nombre important de juifs qui avaient construit au IIe siècle une grande synagogue avec un sol en mosaïque représentant une magnifique menorah.

On ne sait pas à quel moment apparut une communauté chrétienne à Philippopolis : selon certaines conjectures, dès le Ier siècle, lorsque le saint apôtre Hermas était évêque. Ce qui est certain, c'est que vers la fin du IIIe siècle, la communauté chrétienne de Philippopolis était déjà importante. Au moment des persécutions contre les chrétiens menées par l'empereur Dioclétien, vraisemblablement en 304, les chrétiens de Philippopolis furent tués pour leur foi. Aujourd’hui encore, l'Élise orthodoxe bulgare honore leur mémoire.

Philippopolis devint le siège d'un évêque puis d'un métropolite. Les recherches et débats religieux caractéristiques de cette époque n'épargnèrent pas la ville. L’arianisme, selon lequel le fils de Dieu a un statut inférieur à celui de Dieu le Père, y était populaire. Lorsque, en 342-343, le concile de Serdica (aujourd'hui Sofia) condamna l'arianisme en tant qu'hérésie, les Ariens organisèrent un contre-concile à Philippopolis.

Quelques années seulement après l'édit de Milan, on commença à construire de riches églises à Philippopolis pour le nombre croissant de fidèles. Parmi elles, la basilique épiscopale est la plus belle.

Les invasions des Ve-VIIe siècles, entraînant de grands déplacements de populations, ne cessèrent pourtant pas. Les Romains avaient édifié leur Philippopolis dans la plaine. Bien que protégée par un mur fortifié, la ville antique ne put se défendre davantage. Ses habitants furent contraints d'abandonner demeures et églises pour rechercher la sécurité des trois collines. Le Moyen-Âge ouvrit un nouveau chapitre dans l'histoire de la ville.

Mais au IVe siècle il se produisit des événements qui changèrent radicalement la vie et le paysage religieux de la ville. En 313, l'édit de Milan légalisait le christianisme. En 324, l'empereur Constantin déplaça la capitale de Rome à Constantinople : Philippopolis se trouvait proche du cœur de l'Empire.

Fondements antiques d'un mur médiéval et maisons du Réveil national dans la vieille ville de Plovdiv

UN HÉRITAGE ANTIQUE IMMORTEL

Dans une ville millénaire comme Plovdiv, le passé ne meurt jamais et il ne disparaît pas totalement. Les vestiges de Philippopolis, cité la plus brillante de la Thrace romaine, continuent d'exister à côté de constructions plus récentes, nous rappelant le passé antique.

Dans la vieille ville, les puissants vestiges de murs d'antiques forteresses sont encore aujourd'hui au fondement des constructions médiévales sur lesquelles, aux XVIIIe et XIXe siècles, des maisons furent édifiées. Les habitants et les visiteurs contemporains assistent à des concerts dans un amphithéâtre qui date du début du IIe siècle et qui peut accueillir près de cinq mille spectateurs, leur offrant en outre une vue magnifique sur la plaine de Thrace et les Rhodopes. Le stade, construit à la fin du Ier siècle, dans lequel trente mille habitants du Philippopolis romain venaient regarder des compétitions sportives, fait aujourd'hui partie des monuments les plus remarquables de la ville. Le grand bâtiment moderniste de la poste, sur la place centrale, semble petit en comparaison des ruines imposantes du forum romain sur lesquelles il fut édifié. Ceux qui traversent le passage sous-terrain "Archéologique" marchent sur les dalles d'une rue romaine, lissées, des siècles auparavant, par les pas de générations d'habitants de la ville. La demeure Eiréné conserve toujours une superbe mosaïque de la divinité tutélaire de la paix à laquelle elle doit son nom. Le tronçon restauré de l'aqueduc long de trente kilomètres, qui alimentait Philippopolis en eau fraîche provenant des Rhodopes, se dresse au-dessus d'une rue actuelle à la circulation animée. Par ses mosaïques, la petite basilique est un excellent exemple d'intégration de l'héritage antique à la ville contemporaine.

Les vestiges du Philippopolis romain occupent également une place centrale au Musée régional d'archéologie avec la galerie fascinante de statues de personnages dont on ne connaîtra jamais les noms, les bas-reliefs représentant des dieux, les plaques votives dédiées à des divinités depuis longtemps oubliées, les mosaïques de bâtiments dont les propriétaires sont depuis longtemps redevenus poussière.