Fresques et croix pectorales provenant de la nécropole médiévale qui existait à la place de la basilique épiscopale durant les Xe et XIIe siècles
UNE HISTOIRE EN MOSAÏQUES
La basilique épiscopale de Philippopolis, prédécesseur antique de l'actuel Plovdiv, est l'église paléochrétienne la plus grande de notre pays. Une monnaie de l'empereur Licinius (308-324) mise au jour lors des fouilles archéologiques fonde l'hypothèse selon laquelle la basilique fait partie des premières construites dans l'Empire romain lorsque le christianisme fut autorisé en 313. Ses dimensions, sa décoration et sa position centrale, près du forum de l'antique ville, témoignent de l'importance et de l'influence de la communauté chrétienne de Philippopolis.
Large de 36 mètres et longue de plus de 90 mètres, la basilique impressionne par son architecture : elle comprend une nef centrale et deux latérales, une abside, un narthex et un atrium à colonnades. Dans la nef centrale se trouvait un presbytérium orné de marbre.
L'intérieur était décoré par des colonnes et des chapiteaux portant des symboles chrétiens, des fresques et de riches mosaïques ornant les sols. Ces mosaïques sont la partie la mieux conservée de l'édifice. Réalisées en trois étapes, elles forment deux strates sur une superficie totale de 2000 m2.
L'église était au cœur de la vie chrétienne de la ville entre le IVe et le Ve siècles, avant d'être détruite et abandonnée, peut-être suite à un fort tremblement de terre.
Mais l'histoire de ce lieu est bien plus riche et englobe au moins douze siècles.
La basilique a été construite sur les ruines d'un bâtiment antique datant vraisemblablement du Ier siècle après J.-C. Plusieurs siècles après son abandon, aux Xe-XIIe siècles apparaît à sa place une grande nécropole chrétienne avec une chapelle funéraire décorée de somptueuses fresques.
La basilique épiscopale de l'antique Philippopolis occupe aussi une place centrale dans l'actuelle ville de Plovdiv. Elle se trouve à proximité de la place centrale et de la cathédrale catholique Saint-Louis, exemple éternel de la manière dont les valeurs spirituelles se transmettent de génération en génération au cours des siècles.
Inscription de donateurs provenant de la première strate de mosaïques de la nef méridionale de la basilique épiscopale
La basilique en 2015
UN LONG RETOUR DE L'OUBLI
Du IVe au VIe siècles, la basilique épiscopale de Plovdiv fut au cœur de la vie de l'antique Philippopolis. Elle attira des fidèles. Adultes et enfants furent baptisés dans la pénombre de ses entrailles richement décorées. C'est peut-être là que se tint le " contre-concile " des évêques ariens en opposition au concile de Serdica qui les avait condamnés comme hérétiques..
Mais vint le moment où la basilique épiscopale fut abandonnée, ses vestiges enfouis, et le temps en effaça le souvenir.
Cet oubli perdura jusqu'aux années 1980 où, lors de la construction d'un passage sous-terrain, on vit apparaître les vestiges d'un bâtiment imposant, décoré de mosaïques représentant des motifs géométriques et des oiseaux. En 1982-1986, une équipe du Musée régional d'archéologie de Plovdiv, dirigée par Elena Kessiakova, explora environ la moitié de la basilique. Une partie des mosaïques intégra le musée. On recouvrit les ruines d'une couche protectrice mais la partie encore non étudiée demeura sous la rue.
En 1995, la basilique fut déclarée monument historique d'importance nationale. En 1999, malheureusement, la couche protectrice s'affaissa d'elle-même et l'état des mosaïques empira. À la suite de fouilles partielles menées en 2002, qui permirent de constater que la basilique avait été construite sur les fondements d'un bâtiment antique plus ancien, on recouvrit les mosaïques d'une mince couche de sable. Durant les années qui suivirent, la basilique sombra dans l'oubli.
La situation changea grâce à l'initiative et au financement de la fondation “ L’Amérique pour la Bulgarie “ et de la municipalité de Plovdiv. En 2016-2017, la basilique épiscopale fut entièrement étudiée par une équipe du Musée régional d'archéologie de Plovdiv, sous la direction de Jeni Tankova, et par des restaurateurs dirigés par Elena Kantareva-Detcheva.